Le burn-out | Réseau Melchisedek

CONSTAT & APPROCHE DU BURN-OUT

Avec la crise des vocations, la charge des prêtres est parfois trop lourde. Les jeunes prêtres ont de nombreuses responsabilités dès le début de leur ministère et les prêtres âgés, inquiets de l’avenir de l’église, multiplient les charges et les services et ne savent pas dire non.

Il y a des signes visibles de fatigue physique et psychologique, et de dépression. Un épuisement peut également se manifester par des signes de rigidité, d’autoritarisme ou d’isolement.

Aujourd’hui, l’Église aborde ce sujet plus aisément. Ce qu’on appelait fatigue est maintenant décrit comme un Burn Out, qui se définit comme un épuisement professionnel. Mgr Pascal IDE, docteur en médecine, en philosophie et en théologie, relève trois signes principaux :

l’épuisement émotionnel (absence total d’énergie pour le travail et carence de motivation)
dépersonnalisation (désengagement par rapport aux sujets que la personne a en charge)
diminution de l’accomplissement personnel (forte impression d’échec).

Cela se traduit par des manifestations :

➔ émotionnelles

➔ cognitives

➔ somatiques

➔ motivationnelles

➔ comportementales

Ce syndrome touche particulièrement les personnes généreuses et dotées d’un idéal élevé car elles
donnent beaucoup d’elles mêmes, parfois sans mesure, sans prendre le temps de se reposer, et de se
ressourcer.

Monseigneur Pascal IDE préconise, non pas de moins donner, mais de mieux donner, d’abord en
apprenant à recevoir, puis en apprenant à donner par gratitude et sans attendre de retour, car c’est
source d’une joie imprenable.

Comme le souligne Anne Marie SAUNAL, psychologue et psychanalyste spécialisée dans la prise en

charge des religieux, il est difficile pour les prêtres d’en parler, par peur de ne pas être considéré comme un homme solide et parce qu’il n’existe pas vraiment d’endroits où ils peuvent le faire. Les évêques sont là, mais ils peuvent être loin ou occupés. De leur côté, les fidèles pensent que la foi guérit tout, qu’elle résout tous les problèmes et que l’on ne peut être en dépression lorsqu’on est homme d’Église. C’est faux. La foi ne garantit pas le bonheur, et les prêtres ne sont pas des surhommes.

« Chez une victime du Burn Out, la probabilité de rebondir est indexée au degré de sécurisation que
produisent famille, amis, collègues, pouvoirs publics, histoire et culture personnelles.o Un individu
dépourvu d’une telle solidarité ne se redresse pas. Le tranquillisant le plus efficace n’est pas le médicament chimique ; c’est l’autre – le parent, le conjoint, le camarade - et particulièrement la confiance qu’ensemble ils ont tissé et ici donne toute sa force. »
Boris Cyrulnik - Psychiatre et neurologue

Cependant, citant l’encyclique Evangelii Gaudium du pape François, le journaliste Christophe Henning,
rappelle que les pathologies liées au stress et au surmenage chez les prêtres ne s’expliquent pas
forcément par une surcharge de travail. En effet, « le problème n’est pas toujours l’excès d’activité, mais
ce sont surtout les activités mal vécues, sans les motivations appropriées, sans une spiritualité qui
imprègne l’action et la rende désirable. De là découle que les devoirs fatiguent démesurément et parfois nous tombons malades. »

➔ Pas d’action sans une vie de prière forte-

➔ Le repos est aussi une création de Dieu (mise en garde du pape François à ses frères prêtres)

➔ Pas de durée légale de travail dans l’église

➔ Malgré la fatigue, la joie d’être prêtre

LES SYMPTÔMES

Les signes de la détresse psychologique que l'on peut facilement repérer :

Je parle moins

Je ne sors plus

Je pleure souvent sans raison manifeste

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Je suis stressé

Je me sens bon à rien

Je n'ai plus d'energie pour faire quoi que ce soit

Je me sens seul

Je suis agressif

Je ne dors plus

J'ai des idées noires

Je mange trop ou je ne mange plus

COMMENT SOIGNER LE BURN-OUT

SELON MONSEIGNEUR PASCAL IDE

1/ Apprendre à recevoir

Recevoir avant de donner
Recevoir pour donner

2/Consentir à ses limites

3/Prendre soin de soi-même
Veiller sur soi-même, avoir soin de soi-même, est une condition nécessaire pour la qualité du ministère et la fidélité à celui-ci.

4/ Prendre soin de son sommeil

Le sommeil est un don à respecter
Le sommeil est un abandon

5 / Se détendre

Eutrapélie, vertu qui consiste à savoir détendre son corps et son âme
Rythme ternaire de la vie. A la cadence binaire travail-détente, il convient de substituer le rythme ternaire : travail épanouissant-détente-loisir
Les trois repos essentiels. Une juste hygiène de la détente épouse les trois rythmes naturels : quotidien (principalement le sommeil), hebdomadaire (le sabbat) et annuel (au moins 3 semaines de repos)

6/ Prendre soin de son alimentation
Le sujet en suractivité et en stress se nourrit mal. De ce fait, il maigrit parfois, grossit souvent, perturbe son métabolisme toujours.

Huit repères sont proposés :

Les fruits et légumes au moins 5 fois par jour
Les produits laitiers 3 fois par jour
Les féculents à chaque repas et selon l’appétit
Viande, poisson, œuf une à deux fois par jour
Matières grasses à limiter
Produits sucrés à limiter
Sel à limiter
Eau à volonté pendant et entre les repas

7/ Faire un peu de sport

Pratiquer au moins l’équivalent de 30 minutes de marche (active)par jour.
La santé est une disposition du corps ; prendre soin de sa santé est une disposition de l’âme, ce que les philosophes appellent une vertu.
La juste mesure
La lutte contre les tentations (éviter les facilités : ascenseurs, voiture, etc...)
L’exercice ou la répétition quotidienne.

SELON ALEXANDRA GOEMAEREl (naturopathe) :

Quoi qu'il arrive, si vous présentez les symptômes, il ne faut plus se rendre au boulot. Un médecin établira le diagnostic et vous mettra en arrêt de travail.
Pour guérir au plus vite, il est important de compléter les soins médicaux avec un psychologue, des massages, de la relaxation, des exercices de respiration, de l'exercice physique, etc.

Il faut pouvoir s'accorder du temps pour reprendre soin de soi, pour se retrouver, savoir ce qu'on aime, apprendre à mieux gérer le stress, faire le point.
Cela passe aussi par l'alimentation. On se rend compte que la flore intestinale est directement liée au système nerveux.
L'exercice physique est indispensable. Souvent, on ne s'en rend pas compte, mais c'est un antidépresseur naturel. Il empêche la fatigue, relance la dopamine (attention, pas à outrance non plus, le programme doit être adapté).
Le contact avec la nature est très important, faire des balades en forêt, à cheval ...
La respiration. Cela passe par une bonne oxygénation en plein air, mais aussi par des exercices respiratoires : la respiration ventrale, la respiration ujai (respiration freinée) qui permet le contrôle des émotions, les exercices de cohérence cardiaque pour bien maîtriser le stress et réguler les tensions cardiaques, du yoga pour combiner exercice physique et respiration, la méditation pour apprendre à se recentrer,

➔ Un bon repos est essentiel, un sommeil de qualité.
➔ Le soleil aussi fait du bien (vitamine D).
➔ L'alternance travail et repos, se détendre, réaliser des choses qui nous font du bien
➔ La relaxation
➔ Les massages